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Personne. ( Les Automn'halles de Sète)

A l’instar de son homonyme des temps héroïques, Ulysse aimerait bien inspirer une « Odyssée 2.0 ». Hélas pour lui, il va être confronté à la cruelle réalité. Comment Ulysse est entré à Troie. Pour la dixième fois, Ulysse tentait le concours de directeur de croisière qui lui ouvrirait les portes de la célèbre compagnie « Troie ». Les précédentes tentatives s’étaient soldées par des échecs cuisants. Il avait, cette année, mis tous les atouts de son côté. Muni de son faux CV, il s’était faufilé dans la salle d’examen. Lui qui avait plus d’un tour dans son sac, avait mis au point les stratagèmes les plus fous pour tricher sans se faire prendre. Il se présentait serein aux tests : son oncle qui travaillait au ministère des transports lui avait fait parvenir les épreuves avec corrigé, il était paré. Pour l’oral, il s’était équipé d’une oreillette. Son épouse, bien calée sur le parking avec, sur sa tablette les 149 épisodes de la Croisière Foll ’amour, se tenait prête à lui souffler les réponses. Pour l’épreuve d’anglais, il s’était fait remplacer par son cousin marié à une écossaise. Les choses avaient failli mal tourner : L’examinateur avait flairé le subterfuge. Moyennant une gratification, il avait consenti à fermer les yeux. Grâce aux brillants résultats ainsi obtenus, Ulysse était donc rentré à « Troie » pour y embrasser une carrière de directeur adjoint. Comment Ulysse a fui le « cyclope » Assis à l’ombre d’une arche naturelle, nos trois amis goûtaient la sérénité des lieux, une canette de bière à la main. A leurs pieds s’étalait la ville d’Agaete et son Dedo de Dios étêté quelques années plus tôt par une vague plus violente que les autres. Face à eux, le Teide, volcan tutélaire de Ténérife, émergeait de l’océan. Peu respectueux de dame nature, ils balançaient canettes et détritus dans la minuscule source qui sourdait entre deux rochers. Ils ne l’avaient pas vu arriver celui-là ! Philas avait pourtant cru voir une forme bondir sur les pentes caillouteuses. Une drôle de créature, hurlant des imprécations fondait sur eux à grande vitesse. Cet étrange personnage : un berger, était plutôt petit et extrêmement râblé. Lorsqu’il fut à portée du petit groupe, Sitaclès vit qu’il était borgne. Un cyclope ? Il tenait à la main un grand bâton lisse emmanché d’une très longue pointe qu’il utilisait comme une perche pour dévaler les pentes, sautant de rocher en rocher. Devant ce démon déchaîné, nos trois complices n’écoutant que leur courage, s’enfuirent piteusement, poursuivis jusqu’à la plage par ce diable bondissant qui les agonisait d’insultes en les bombardant de crottes de chèvres. Enfin à l’abri de cette tornade survoltée, Ulysse tout penaud demanda à ses compagnons de ne jamais raconter cette aventure à PERSONNE.

Comment Ulysse échappa aux sirènes. Ibiza : Port d’Elvissa,1 h du matin. Après avoir écumé tous les bars de la Carrer Mar de Dio, ils se dirigèrent vers la rue Alfons XII, secteur très connu des noctambules. Cramponnés à un réverbère, ils prenaient une petite pause, un rabatteur les interpella, vantant les délices de son établissement, un autre de loin leur aboya en anglais les tarifs imbattables de son club. Philas et Sitaclès étaient tentés, ils hésitaient. Le premier bonimenteur se faisait insistant. Ulysse, inflexible, imperturbable, ne cédant pas aux chants de ces sirènes modernes entraîna ses compagnons vers le Lolas Club côté cinq étoiles sur TripAdvisor. Désappointés, les recruteurs jetèrent leur dévolu sur un couple d’anglais éméchés qui traversaient la rue. Sète « l’île singulière » : escale technique Ulysse, resté à bord avec l’équipe d’animation, travaillait d’arrache-pied au programme de la future croisière. Il s’oubliait à la tâche au point de rester à bord une semaine entière sans voir le jour. Abandonnés à leur triste sort, Philas et Sitaclès étaient descendus à terre. Nos deux « poètes » n’allaient pas gravir le St Clair et profiter du spectacle du soleil sur la mer et l’étang de Thau. Ils ne comptaient pas non plus se rendre au cimetière marin ou musarder le long des canaux de la ville. Ils s’étaient précipités sur le premier restaurant qu’ils avaient rencontré promenade Mary. « La table de Circé » proposait à ses clients une nourriture roborative : Tielle, macaronade, frescatis arrosés d’un muscat bien frais. Midi et soir, nos deux compères s’empiffraient donc chez Circé. Après une semaine passée à « baffrer », ils étaient devenus gros et gras : de véritables « pouffres ». Ulysse qui les avait rejoints ne pouvait que constater l’étendue des dégâts. Jamais ils ne rentreraient dans leur uniforme. Ulysse prit Circé entre quatre yeux et exigea que jusqu’au jour du départ ses acolytes soient soumis à un régime strict à base de salade et d’eau minérale. Au bout de cette diète imposée, ils pouvaient à nouveau enfiler leur tenue de gala. Ainsi, Ulysse arracha ses compagnons aux griffes de Circé. Dans le port d’Ithaque, 14 j de quarantaine attendaient notre voyageur, confinement strict à bord. La croisière ne s’amusait plus ! La peine purgée, un taxi le ramena à la maison. Pas d’accueil triomphal, il entra, elle ne lui adressa même pas un regard. Dans le salon du minuscule appartement « bousée » sur son canapé, éculé, Pénélope les yeux rivés sur son écran plat regardait comme hypnotisée un épisode de Kaos sur Alpha TV. Elle avait changé, l’ex-reine de beauté : quelques kilos en plus, boudinée dans un survêt informe, elle trônait au milieu d’un tas de cartons de pizzas. Ah ! te voilà toi ! dit-elle d’un air bovin. Tu es clean au moins ? Je n’ai pas envie d’être contaminée ! Et surtout…tu gardes tes distances ! Allons Péné, sois sympa, je ne vais tout de même pas dormir sur le canapé ! » Voici comment Ulysse retrouva sa douce Pénélope et la quiétude de son foyer.

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