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Le trou noir.

J 45 du confinement.

Impossible de voir une photo de famille sans tomber sur les inséparables.

A peine étaient ils créés que Mani adorait son petit cousin, Arthy de son côté admirait son aîné.

En grandissant, ils sont restés très fusionnels, extrêmement complices.

Chez les grands parents où ils se retrouvaient régulièrement, ils attendaient l’heure du coucher avec délice, Papet leur racontait toujours des aventures fantastiques, Mamie enchaînait avec des histoires de

trous noirs.

Ils ne comprenaient pas tout mais ils savaient que ça donnait sans doute accès à un autre univers.

Plongés dans la pénombre, ils ne trouvaient pas le sommeil alors ils rêvaient à haute voix de mondes merveilleux, de passages secrets.

Le matin venu, l’esprit encore embrumé, ils se déplaçaient à pas de loup dans la maison assoupie pour voir cartes et mappemondes.

En bons aventuriers, ils s’équipaient: mini sacs à dos, lampes électriques, couteaux de poche et jumelles qu’ils utilisaient dans les deux sens.

Ils s’émerveillaient car l’endroit qu’ils visaient pouvait suivant le cas paraître très proche ou terriblement lointain.

Ils avaient un peu grandi et les grands parents leur permettaient de rôder autour de la maison, de descendre seuls à l’aventure au “bur de tab”.

Les deux compères ne s’étaient pas revus depuis au moins deux semaines.

A peine les valises déballées, Mani avait pris son cousin à l’écart: – J’ai trouvé l’entrée du passage!

Dès le lendemain, ils s’étaient rendu sur les lieux.

Près de la poste, au fond d’un grand fossé, s’ouvrait un grand trou rond.

Etait ce le trou noir?

Avec moultes précautions, ils se sont avancés, aucun n’osait faire le premier pas, c’est donc de concert qu’ils sont entrés dans le conduit.

Devant eux une clarté blanche éclairait le bout du tunnel, ils accéléraient le pas, pressés d’en finir et de sortir de l’obscurité.

Un nouveau monde allait s’ouvrir à eux.

Ils débouchèrent dans la lumière, étonnés et déçus de se retrouver de l’autre côté de la cour de l’école maternelle.

Ce “ voyage” leur avait seulement permis de passer sous la route.

Sur le chemin du retour, le regard d’Arthy se porta sur une plaque grise posée contre un mur de clôture, une sorte de petite porte.

Il ne dit rien à son compère et réfléchit.

Partis de bonne heure recharger leur stock de bonbons, ils ne jetèrent même pas un regard au tunnel qui les avait déçu.

Alors Arthy s’ouvrit à son cousin, il avait un doute: Mamie s’était peut être trompée. Si le trou noir était en réalité un carré gris!

Ça valait la peine de tenter le coup. Avec peine il déplaça le parpaing qui tenait la plaque de bois grisâtre, la trappe tomba, propulsant sur la route laine de verre et polystyrène qui protégeaient le compteur d’eau.

– « Bande de couillons, je vais vous apprendre moi!»

Surpris par l’avalanche et les vociférations, ils s’enfuirent en riant et en poussant des cris.

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