Où Johnny Depp en pantoufles découvre avec effroi qu’il va devoir un jour sortir...

J 21 du confinement

Tout a commencé fin mars, on ne savait pas très bien quand ça allait finir.

Johnny, en quarantaine, avait, avec délice, bousculé ses habitudes.

Il avait découvert le plaisir de traîner dans son salon, en pantoufles, un thé à la main.

Ce dandy anticonformiste était en réalité un petit bourgeois rêveur et gourmand qui aimait son confort et les petits plats.

Lui qu’on n’imaginait pas autrement que veston de costume porté sur une chemise, jean, godillots et lunettes bleues, paré de bijoux et de bracelets de force se laissait doucettement aller, découvrant les bienfaits d’une matinée passée en legging ou jogging moelleux.

Livré à lui même, il avait laissé tomber la corvée de maquillage.

Comme il lui semblait loin le temps des make-up matinaux !

Saigné à blanc par un divorce qui s’éternisait, il a profité de la situation pour entreprendre une campagne d’économies: fini les tapis rouges, plus de dîners de gala, au chômage la maquilleuse à temps plein.

Comme personne ne photographie plus son intérieur pour les magazines, plus besoin d’être au taquet côté ménage, adios la femme de ménage mexicaine .

Économies de bouffe aussi, il a vidé les fonds de placards, s’est obligé à consommer tous les stocks: bocaux de légumes fermentés, de lentilles corail, graines de chia, lin, sésame et quinoa.

Il s'est rassasié de chou kalé, panais, blettes et rutabagas et s'est goinfré de pâtes sans gluten .

Il a sans trop de regrets résilié ( cas de force majeure ! ) son abonnement à la salle de sports.

Pour finir, sacrilège ultime, il a revendu sur “The Good Corner” les monceaux de puzzles et de matos de loisirs créa accumulés par Lily Rose depuis sa naissance.

Alors que le déconfinement pointe le bout de son nez, il découvre avec effroi que la vie va reprendre: Fini les plateaux télé devant les écrans.

Sérieusement empâté, il va devoir courir les échoppes branchées à la recherche d'une nouvelle garde robe.

Fini la tranquillité, l’agréable solitude: son ex vient de le rappeler pour qu’il récupère les enfants confinés chez elle depuis le début des événements.

Et quand il repense au boulot: quelle purge!

On lui propose toujours le même style de personnage excentrique: Jack Sparrow, ,Edward aux mains d'argent*, Charlie Mortdecaï ou l’inénarrable Lone Ranger: toujours les mêmes grimaces, les mêmes gestes.

Ce qui le motiverait éventuellement, c’est un fil dégoulinant de testostérone avec Vim Diesel ou Jason Statham comme partenaires ou mieux: Bruce Willis. Oui c'est ça ... Bruce Willis!

Déprimé par ces perspectives peu emballantes, il renfile son survêtement en éponge cerise et entreprend autour de la table du salon sa marche nordique quotidienne, bien décidé à rester barricadé 9 mois de plus.

*Indice déposé sur FB, la peinture argent de figurines en bois m’a inspiré ce thème.