Confessions intimes
J 20 du confinement.
Humains trop humains.
( Pures fictions !!! )
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(1. La colère. )
Voilà ce qui s’est passé, il va sans dire que je ne suis pas très fier de moi.
Je “planchais” sur le travail que m’avait fourni la prof de français dans le cadre de la “continuité pédagogique”.
J’ai vu que maman préparait des cookies, elle s’ennuie maman, et quand elle s’ennuie, elle cuisine.
Je suivais l’affaire du coin de l’oeil, attendant la pause pour en manger un ou deux.
Mon grand frère qui traînait par là, oisif, en a, sans crier gare, englouti trois d’un coup.
Je ne pouvais pas le laisser faire sans réagir, je me suis précipité et en ai mangé trois aussi.
Ils n’avaient pas eu le temps de refroidir et je me suis brûlé la langue.
Avec mon frangin, nous avons continué comme ceci à nous jeter à tour de rôle sur ces délicieux gâteaux.
A l’heure du goûter, il n’en restait plus qu’un dans le plat.
C’est alors que, vif comme l’éclair, mon aîné vorace l’a saisi et là … Je l’ai frappé .
Je regrette mon geste bien sûr et ne veux pas me chercher des excuses mais il m’avait fait déjà le coup chez Mami avec un paquet de “Kinder Bueno.”...
(2. L’avarice.)
C’est vrai, j’ai été maladroite, mais c’est chez moi une deuxième nature.
Je surfais sur le site d’ ”Amazon” quand je suis tombée sur un modèle de masque de protection absolument fantastique: un masque filtrant (de type FFP2), qui protégeait contre le risque de transmission par gouttelettes. Il était préconisé pour les personnels de soins et pour les personnes à risque majeur d’exposition.
Cerise sur le gâteau, il arborait un look très girly.
Hélas, il était monstrueusement cher.
Tant pis, j’ai cliqué et j’en ai commandé … Un.
Je ne voulais pas me ruiner.
Comment, c’est minable comme attitude?
Mon époux est très bricoleur, on a changé la machine à café et il nous reste des filtres “Mélitta” que nous n’allons pas jeter.
Je suis sûre qu’avec, il va se fabriquer des masques de protection très efficaces.
(3. L’envie.)
J'ai vraiment honte comment pourrais je me faire pardonner?
J’habite près du stade.
Déjà quatre jours de confinement et je m’ennuyais ferme.
Du court de tennis tout proche montaient des cris extatiques:
“Aaaaaaaaahiii! Aaaahan!”
Deux inconscients échangeaient des balles sans se soucier des consignes d’isolement.
Ils jouaient, vous vous rendez compte, ils jouaient alors que nous, nous nous astreignions à rester enfermés.
Je me suis précipité sur le compte Facebook de la Mairie et je les ai dénoncés, livrés à la vindicte populaire.
Je me rends compte aujourd’hui à quel point c’était maladroit, je pense que je cherchais, en fait, à évacuer ma colère et ma frustration, je regrette vraiment ce que j’ai fait.
(4. L’orgueil.)
C’est évident, force est de reconnaître que je me la suis un peu “pété” comme on dit maintenant.
Depuis dix neuf jours, j’écris sur le Net un blog qui, ma modestie en souffre, rencontre un certain succès.
Je ne manque pas de m’en féliciter avec affectation auprès de mon entourage qui régulièrement souligne mon immodestie.
J’ai rétorqué qu’ils étaient jaloux de mon succès, de mon humour, mon second degré...
C’est net, j’ai été un peu abrupt avec eux mais sachez que les messages de louanges reçus n’étaient pas totalement infondés.
(5. La gourmandise.)
Il faut que je vous avoue un péché, selon moi, très véniel mais je vous laisse juge.
Lors d’une sortie où elle avait coché toutes les cases, ma femme, au sortir de la pharmacie a “glissé” au Petit Marché Provençal , marché ouvert où elle s’approvisionne en produits locaux.
(Elle en rapporte parfois des bananes!!! ) .
La vendeuse lui a vanté un fromage de chèvre particulièrement goûteux.
Sur le plateau, il voisine maintenant avec un Brie premier prix, un Gouda synthétique et un pauvre bout de Cantal dur comme la pierre.
Je n’ai pas résisté, je l’ai tout mangé.
Egoïste?
Non, je voyais le chat tourner autour et ne voulais pas qu’il soit le seul à se régaler.
(6. La paresse.)
Je dois reconnaître que depuis quelques jours, je n’en fais pas lourd: canapé, fauteuil, transat.
Pas la moindre "pompe" prévue dans mon planning, pas un seul abdo, rien, rien, trois fois rien.
Parfois j’ai un peu honte mais ça ne dure pas, je reviens sur le canap me faire un binge watching de séries. Roulée avec mes chats, je ne lève pas une paille de par terre.
Rassurez vous cet état n’est que temporaire lorsque nous reprendrons, le rythme sera… plus que soutenu .
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(7. La luxure.)
Je sais que vous ne pouvez pas comprendre mais il faut que je vous raconte.
L’autre jour, en faisant la queue pour le pain, j’ai revu Jocelyne, à distance, on a commencé à parler de tout et de rien, comme ça s'éternisait, on a glissé sur des sujets plus intimes, je sentais bien que je ne lui étais pas indifférent.
Une fois servie, elle m’attendait sur le chemin du retour, d’un bout à l’autre de la rue on ne pouvait pas se parler mais, croyez moi, ce que je voyais dans ses yeux était suffisamment explicite.
Sur le pas de sa porte, je lui ai soufflé à travers mon masque FPP2: "Rendez vous vers 17 h au maset." Le lieu était bien choisi,un peu à l’écart du village et à moins d’un kilomètre de chez moi.
Peu avant l’heure dite, j’ai rempli l’attestation: déplacement bref !!! lié à l’activité physique individuelle. J’ai attaché la laisse à mon chien et suis parti vers mon lieu de rendez vous.
Sur place, elle piaffait d'impatience son "York" en laisse.
Nous sommes rentrés dans l’inconfortable cabane et voilà.
Notez bien, on n’a fait rien de mal: C’est arrivé comme ça, on n’avait rien prévu!