“ Ce qu'il vous faudrait, c’est une bonne guerre".
J 8 du confinement.
Fin des années soixante.
A la fin du repas dominical, après avoir éclusé sa troisième Fine du Languedoc, l’oncle Léon, rescapé de 14/18 prenait à parti les jeunes chevelus que nous étions en vitupérant:
“ Bande de zazous! Ce qu'il vous faudrait, c’est une bonne guerre".
Nous trouvions cela, comment dire... un peu excessif, pensant (on respectait les héros en ce temps là) tout de même: “Quel vieux con!"
Nous avions tort: Tonton avait raison car:
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Une guerre c’est bon pour l’emploi. En son temps Karl Marx affirmait que les guerres étaient pour les États une façon de contrer des crises économiques. De même, Keynes et ses émules soutiennent l'idée qui veut que les dépenses militaires, « stimulent » l'économie et permettent de sortir des crises.
Tonton avait raison: S’il n’y avait eu 39/45 les 30 Glorieuses n’auraient jamais existé.
Tonton avait raison: Une bonne guerre ça booste l’ invention: sans nos Boeings ou Airbus, fruits des recherches d’une industrie à l’origine militaire, pas de vacances en Thaïlande, Philippines ou Punta Cana. En suivant cette logique implacable, nous ne pouvons que nous féliciter de la découverte de la pénicilline et des antibios qui soigneront efficacement les MST que nous ne manquerons pas de ramener de la bas.
Tonton avait raison: La guerre c’est beau, c’est photogénique et puis, l’odeur du napalm au petit matin…
Tonton avait définitivement raison: Sans guerre comment voulez vous que l’US Army vienne tous nous sauver à la fin du film.
Et voilà, on l'a notre guerre!
Pas une guerre classique avec tranchées, bombardement et tirs de mortiers!
Non, une guerre cheap, sans élégance, vulgaire; une guerre de “ bambis”, plutôt raccord avec ce que notre civilisation est devenue.
Avec inconséquence, nous avons accouché d’une société, sorte de Truman show que tout un chacun, “bouzé” sur son canapé, regarde avec envie, admiration et même une pointe de jalousie.
On vit par procuration, regardant une bande de jeunes oisifs s’interroger sur l’opportunité de: faire un soin complet du visage, une nouvelle coupe de cheveux ou un traitement de beauté pour la nuit !
On suit avec intérêt le dilemme de Tiago qui hésite entre télécharger sur Spotify le dernier album de Kenji ou celui de Soprano .
On est heureux pour Jesta qui clame haut et fort: “ Putain! j'ai trouvé l'homme de ma vie."
J'arrête là, me demandant quelle image de notre civilisation nous allons laisser à nos descendants ?
La pauvreté ?
La guerre ?
La catastrophe écologique ou sanitaire ?
Non!!! Je pense que ce sera plutôt la sex tape ou le derrière de Kim Kardashian.