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Baywatch


Quelques jours après l’impact, il faut se reprendre: Marcher sur du plat a dit le cardio. Pas plus d’une heure a insisté l’interne.

Pour respecter ces sages préceptes quoi de mieux qu’une balade au bord de la mer.

Nous jetons notre dévolu sur le circuit conduisant à la cathédrale de Maguelone.

Posée sur un îlot à l'écart de la voie Domitienne et éloignée de toute agglomération (en ces temps reculés, la ville de Montpellier n'existait pas encore), l’ église-cathédrale se dresse dès l'an 533 au pied de la Gardiole.

Après avoir garé notre véhicule au parking répondant au nom moyenâgeux du: Prévost (bien trop onéreux à mon goût!), nous cheminons sur la plage.

Les yeux rivés sur la grève ( je suis un ancien fonctionnaire), je m’applique dans le premier tiers du parcours à “dénicher” dans le sable mouillé rebattu par les vagues, des nacres délicates aux reflets jaunes fluo. Très exigeant sur la qualité desdits coquillages, je ne me baisse que rarement pour en collecter. Une raideur tenace dans la colonne vertébrale expliquant sans doute mon choix sélectif.

Toujours nez au sol, je change d’objectifs pour ramasser, dans la deuxième partie de notre errance, des morceaux de verre dépolis, roulés et érodés par la houle. Ces galets d’un vert opaque ne manquent pas d’évoquer en moi les légendaires mines du roi Salomon ou les bijoux de la mystérieuse reine de Saba. Mon esprit s’égare ...

Troisième et dernier tiers, la récolte de ces “inutilités” me gonfle: je balance tout!

Nous voici parvenus au point où il faut retourner sous peine d’outrepasser les permissions accordées par le corps médical.

J’attends Fido qui ne va pas manquer d’arriver à destination.

Tel Henri le navigateur à la recherche d’espaces inconnus, je scrute l’horizon fasciné par l’immensité de la mer. Je ne manque pas bien entendu de prendre une pose à la Eugène Riguidel au cas ou ma douce épouse déboulerait avec son appareil photo en bandoulière.

Hélas, mon attitude de simili loup de mer n’impressionne pas mon aimée: je n’ai ni l’oeil bleu délavé, ni la peau tannée par le soleil et le sel. Les poils qui garnissent mes avants bras pourtant musculeux ne sont pas le moins du monde roussoyants: être Tabarly, ça ne s’improvise pas.

Et puis … Je ne porte plus la marinière à rayures depuis quelques années.

Le Fido qui ménage son cœur me rejoint au niveau de la cathédrale et nous attaquons le chemin du retour.

Concentré sur ma collecte je n’avais pas prêté attention à notre environnement humain. Tout au long de l’itinéraire retour, ce ne sont que culs nus, étalage de cellulite, fesses en goutte d’huile et seins flaccides

Moi qui flashe plutôt sur le type “eurasienne légèrement replète” , je ne trouve pas mon compte dans cette triste exhibition.

Le voyeur qui sommeille en moi a du mal à fixer son attention sur ces “naturistes” affichant leur intimité de façon pour le moins ostentatoire. Un spécimen mâle évoluant à quelques encablures de la berge me laisse penser que l’eau de la Méditerranée doit aujourd’hui être bien froide.

Odeurs de friture, bar de plage, transats, plagistes “textiles”, nous voici revenus au point de départ.

Dernier coup d’œil à la côte; je ne peux m'empêcher de considérer que cette masse d’eau sale, bruyante, malodorante et perpétuellement en mouvement souille mes doux rêves de désert et de champs de lave.

C’est définitif: la mer me fait chier .

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