Le complexe du homard*
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Installés face à l’Atlantique, derrière une petite baie vitrée, (le vent ici peut vous gâcher l’ambiance et le repas), nous consultons les menus.
Le patron venu nous porter l’"almogrote” de bienvenue nous détaille ses spécialités.
L’une d’elle attire notre attention : une sorte de zarzuela garnie avec du bogavante (surgelé).
- Qu’est ce que le bogavante?
- Un crustacé.
- Crevette?
- Non plus gros.
- Gamba, langouste?
- Non avec des pinces.
- J’ai compris: langoustine.
- Toujours pas.
- Écrevisse alors ?
- Venez voir j’en ai un de vivant, je vais vous montrer .
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Et voilà t il pas qu’il nous sort de son vivier un énorme homard vivant aux pinces entravées.
- Si vous voulez je vous le pèse et je le prépare pour vous.
Nous n’avons ni l’un ni l’autre jamais mangé de homard ,nous n’hésitons pas longtemps.
Notre ex sens moral de gauche nous taraude. Quoi, un repas de nantis!
Pour compenser cette débauche de luxe, le temps que la bête soit prête ,nous commandons des lapas (chapeaux chinois) ainsi qu’une friture de “jolls” agrémentés d’une salade.(entrées ici classiques et bien plus démocratiques.)
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Arrive enfin le “bogavente”, fourni avec ses instruments de torture: pinces et crochets qui vont nous permettre de ne pas en laisser une miette.
Nous voilà contents de l’expérience mais pas tentés de la recommencer: ce gros crustacé balancé tout de go sur la plaque brûlante nous a donné mauvaise conscience.
Si on continue à faire dans la sensiblerie, je sens qu’on va finir par commander ...
des “ cordons bleus”.
*Titre hommage à Dolto qui par cette image représente la crise d’adolescence.