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Les langues se délient.

Lors de l'enterrement de la tante Thérèse, j'avais repéré Yvonne entre deux caveaux, il fallait que je la fasse parler je savais que je n'aurais aucun mal, elle avait la langue agile et le verbe haut.

- J'en connais un qui va être emmerdé pour l'éternité, il ne pouvait pas la saquer cette “cul bénie".

- Vous parlez de mon grand père? On m'a dit qu'il s'était suicidé mais c'est bizarre , il a été enterré “normalement".

- Qu'est ce que tu crois, ta tante est allée voir le curé de l'époque : Cabane il s'appelait et elle lui a graissé la patte: elle avait des sous comme un chien a des puces.

Une fois lancée ,Yvonne ne pouvait plus s’arrêter :

- Au village on n'avait jamais compris pourquoi ils étaient partis là bas, ton grand père était un orgueilleux qui voulait toujours plus. Les gens disaient autrefois qu'il avait fait à cette pauvre Margot un enfant pour avoir la paix ,et que peut être , là bas, il avait quelqu'un .

Papet Lucien qui avait suivi l'échange a enchaîné:

- Je le connaissais depuis l’école “libre” (confessionnelle) , il avait deux ans de plus que moi, c’est vrai qu’il était orgueilleux et ne se mêlait pas, il se tenait à l’écart des calotins et des libres penseurs, son rêve c’était de devenir riche.

A sa mort, au village, tout le monde savait qu'il s'était suicidé mais ce n’était pas la version officielle alors, plus personne n'avait parlé.

Margot qui avait vendu à perte la Donadive, était revenue sur Cazouls accoucher de Jacques le petit dernier, ton père à 14 ans avait repris les vignes des deux Guiraudes.

Simone qui avait malgré son jeune âge le sens des affaires avait flairé un bon coup, chaperonnée par la terrible tante Thérèse , elle avait à Narbonne ouvert un bureau de tabac.

Contraint et forcé,ton père, lui qui ne devait pas travailler de sa vie, découvrait au fil des saisons le travail de la vigne et les vicissitudes de la vie. Pour faire la soudure et nourrir la famille en attendant la récolte, il devait, déchéance suprême, travailler pour le Comte d'Hauterives . Pour couronner le tout, comme c’était la guerre, le petit Jacques a été envoyé en Suisse dans une famille d’accueil.

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