Pendant la guerre.

La guerre aussitôt commencée s’était terminée par la déroute de nos armées, ces événements guerriers étaient pour le moment un peu abstraits et bien lointains . Comme une bête blessée,la famille devait: survivre à la honte,se réorganiser, revendre le domaine , se replier sur Cazouls et expier . Les rôles avaient été distribués.

Simone ,fille forte , gagnerait l’argent dont on manquait cruellement, avec les sous de la tante, elle avait acheté sur Narbonne un bureau de tabac qui en ces temps troublés s'avérerait être une bonne affaire.

Etienne le garçon devenu à quatorze ans chef de famille s’occuperait des Guiraudes.

Margot, complètement dépassée par les événements s’occuperait du petit.

Quant à la tante ,elle accompagnerait Simone à Narbonne : laisser une jeune fille de son âge seule en ville n’était pas convenable .

Etienne dans ses vignes était un peu débordé, sans connaissances particulières, il commettait beaucoup d’erreurs,ce qui en matière d’agriculture se paie argent comptant. Son obsession, c’était manger et procurer de la nourriture aux siens.

Il mit en place un trafic entre Cazouls et la “montagne” . Là haut, ils ne manquaient pas d’animaux et de patates par contre ils étaient très demandeurs de vin et de tabac.

En mai 1940, de nombreuses familles suisses proposèrent d’accueillir bénévolement des enfants français : il s’agissait de secourir surtout les “enfants victimes de la guerre” le petit Jacques qui remplissait les critères requis est donc parti jusqu’en 46 dans une famille Helvétique.

A Cazouls, grâce à l’élevage de lapins, poules et moutons,au jardin qui se mettait à “donner” et bien évidemment au tabac et au trafic avec la montagne,l’ordinaire s’améliorait.

Sitôt la guerre finie, Simone se maria et quitta la région , Jacques un temps revenu parmi les siens, retourna en Suisse, Etienne à son tour épousa celle qui deviendrait ma mère.

Tout rentrait apparemment dans l’ordre mais les “événements” semblaient ensevelis à tout jamais sous une chape de plomb.