Coq de village.
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Le “Garel” ne tarda pas à se manifester avec la proposition de vente d’un harmas de quatre hectares situé en bordure du village.
Il appartenait aux Marquefabe,vieille famille à l’aura déclinante.
Cet achat écornait la dot de Louise mais cela constituait un investissement qui se révélerait vite constructif.
Le terme est impropre à cette époque mais il correspond à la réalité: Etienne lotit son achat .
Il échangea de petites parcelles de terrain contre des travaux de construction de sa maison ,d’écuries et d’une cave destinée à recevoir 600 hectos (autant voir grand dès le début) .
La deuxième année pour fêter la venue de femme et enfants dans la nouvelle maison, toujours par l'intermédiaire de Castelrine, il se porta acquéreur de ses premières vignes.
Elles ne lui avaient pas coûté cher: la “Mique”, loin, trop loin du village exigeait des levers à l’aube et des retours à la nuit. Cependant, il se raconte encore dans la famille qu’après une taille à “peto pels”, la première récolte pléthorique a largement remboursé la mise de fonds.
Les vignes sur plans anciens perdant toute valeur se vendaient à vil prix, l’occasion pour Etienne de racheter , arracher, et replanter sur porte greffe riparia ou rupestri, agrandissant ainsi son domaine fournissant par la même du travail à de nouveaux gavachs descendus chercher fortune.
Pour ces déracinés de la Montagne Noire, il était un véritable mentor offrant :travail, hébergement provisoire, et prêts qu’on qualifierait maintenant usuraires.
Au village on ne l’appelait plus que : maire des gavachs
Pas intéressé par les propositions de l’édile d’alors, il négligeait la politique, préférant un rôle d'éminence grise, de faiseur de roi.
Il était devenu en ce XXème siècle naissant, un personnage important,fortuné pouvait on dire.
Il fallait mettre les filles à l’abri du besoin.
Il s’inquiétait surtout pour Thérèse,atteinte d’une maladie qui lui paralysait la moitié du corps: elle ne trouverait pas de mari et resterait sans descendance.
A la mort du père Pistre, les filles hériteraient chacune d’une propriété.
La cadette, Margot aurait la Guiraude basse : domaine du XIXème siècle à l’abandon, tombé à propos dans l’escarcelle d’Etienne. Thérèse l'aînée disposerait de la “Mique” et des vignes environnantes rebaptisées Guiraude haute.