Face à la mer.
J’avance en tapinois.
Surtout, ne pas le surprendre,ne pas le déranger.
C’est le client parfait pour ma photo.
"Solitude", je vais l’intituler.
Il est vraiment par...fait. Seul, accoudé à la rambarde, triste,il fixe un horizon brumeux, remâchant sans doute de sombres pensées, à l’écart de la ville blanche et lumineuse d’où il a été chassé. C’est un paria, un ilote mieux : un ré fu gi é.
Je cadre, mets au point et …
Non, ce n’est pas correct , je dois lui demander l’autorisation.
Je râcle ma gorge, il se retourne … hilare. Un sourire ravi illumine son visage.
Interloqué, je montre mon appareil.
- Je peux ?????
- Bien sûr ! Mais faites vite, j’attends le ferry.
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Face à la côte.
Moi, Marius, capitaine de ce bâtiment, j’erre depuis des heures dans cette purée de pois. Dire qu’on est sur la Méditerranée!
Sans repère, dans la “bouillasse” mon cher ferry se fraye un passage. Ce “foutu” brouillard masque tout. Il ne manquerait plus que je me retrouve échoué sur un banc de sable ou éventré par un écueuil sournois tel un vulgaire commandant Schettino.
Moi d’habitude si ponctuel, j’accumule un retard hallucinant.
Mes futurs passagers doivent s’inquiéter. Depuis notre départ, je pilote à l’instinct.
Enfin, la brume se déchire et la ville blanche apparait dans toute sa splendeur. Nous arrivons!
Sur les quais, les familles se pressent , en haut, accoudé à la rambarde , véritable sémaphore, un homme, sans doute un père de famille agite les bras joyeusement , visiblement ravi de cette croisière qui s’annonce somptueuse.