J’ai toujours revendiqué le droit de me lever en pleine nuit, ce que réprouve la terrible tante Thérèse.
- La nuit est faite pour dormir,dit elle en me tendant le pissadoul, on ne quitte pas la chambre.
- Ça ne me gêne pas d’aller au fumier :ma tante je n’ai pas peur .
- L’écurie est loin, il fait noir, sombre est la nuit: bien moins noire que ton âme .
Tout est dit,il n’y a rien à rétorquer.
À la “campagne”: au Domaine comme aime à le dire ma grand tante, la vie est des plus rustique: l’eau par manque de pression ne monte pas au delà du premier étage,la lumière est chichement délivrée à la cuisine et
à la salle à manger . Un système électrique bancal alimente la cave.
l'Hiver lorsqu'on s'éloigne de la cheminée, il fait froid dans la maison, on se couche donc avec le jour.
Ma chambre est au 3 ème étage. Après m’être changé devant l’âtre, j'y monte à grande vitesse, dans le noir , me glisse dans les draps raidis par le froid et m'endors du sommeil du juste.
Quelques six heures plus tard, pris d'une envie pas fortement pressante, à moins que ce ne soit par esprit de contradiction,j'entreprends la descente.
Surtout ne pas se faire repérer; à tâtons je me glisse dans l'escalier; surtout ne pas se faire repérer ,j'ouvre avec précaution la porte de la cave ;surtout ne pas se faire repérer
Beaucoup moins discrètement je traverse l’écurie où les chevaux, pensant que c’est l’heure, renâclent ,grattent du sabot . A mon passage, les poules dérangées font entendre un léger bruit mais ne se réveillent pas pour autant. Je récupère quelques feuilles de papier journal minutieusement découpées pendant la veillée et me cale sur les planches pour ne pas chuter dans le fumier.
Après un retour le plus silencieux possible pour ne pas alerter tantine Thérèse ,je me rendors sachant que dans 2 h ce sera le réveil général de toute la maisonnée .
