top of page

1) Péché de bacchus

A table chez nous, il fallait respecter certains principes. Par principe, je me butais, sachant pourtant comment cela allait finir.

Cris,hurlements, mon père se levait dans un bruit de chaise me saisissait par le cou et m’amenait ainsi à la cave , me flagellant les mollets avec la bûche (un sarment de vigne toujours disponible derrière la porte).

“La prochaine fois, c’est la barre de frêne!” hurlait-il excédé.

J’étais donc mis au piquet dans la cuve à vin en béton dont on avait,au prix d’un travail fastidieux, agrandi l’entrée.

A l'intérieur était stocké le bois destiné au “Godin” en fonte émaillé qui ronronnait l’hiver dans la cuisine.

Aussitôt dans le noir,(dans la cave ,l’électricité n’était utilisée que pour faire fonctionner le fouloir),je tâtonnais, investissais ma tanière et me calais dans un angle . Je ne pleurais plus ( c’était inutile) et m’organisais pour passer le temps. les lieux même si leur usage avaient été détourné fleuraient encore l’odeur tenace du vin.Je grattais les murs détachant de petites plaques de tartre qui ,bonbons improvisés ,agaçaient ma langue de leur acidité. Bien calé dans mon repaire, je rêvassais. Goûtant avec délice

l’obscurité,j’attendais….

Dans le lointain j’entendais les échos des discussions.

Au bout d’un temps que je ne trouvais pas particulièrement long, les pas de mon père résonnaient sur le sol de terre battue du chai .

“C’est fini, sors de là!”

Je ne bougeais pas. à l’aveuglette, mon père me cherchait entre les tas de bois, finissait par m’attraper par un pied, me tirait vers la sortie me gratifiant au passage d’une bouffe bien sentie.

“C’est fini! Bois un coup d’eau et surtout ne recommence plus!”

POSTS RÉCENTS :
PAR TAGS :
bottom of page