Un “guide” du CAF .

(Elle entend tourner les hélicos.)

Dibona année de la canicule…

Quelle allure cette Dibona, elle te saute au visage au détour d’un lacet, un vrai fantasme pour grimpeur.

Nous espérons la gravir au calme par un nouvel itinéraire crée sur le clocheton Gunneng.

Après avoir progressé sans souci sur un rocher excellent, nous traversons à corde tendu le clocheton et rejoignons la classique.

Trois cordées sont à l’œuvre sous les conseils bruyants d’un « guide en carton » caricatural à souhait avec son pantalon fuchsia et son foulard mauve.

Du relais, il coache ses « boys », éructe, contribuant plus à les stresser qu’à les mettre en confiance. La dernière longueur, il est vrai est particulièrement aérienne mais la difficulté reste modeste : pas de quoi traumatiser un cafiste.

Ce pantalon…

Le pantalon et l’attitude du mec nous disent quelque chose…

C’est saoulant de grimper à côte d’un type comme ça.

Malgré les cris d’orfraie du “leader maximo”, Zian passe en trombe au milieu des cordées : il a posé un coinceur et basta pendant vingt cinq mètres. L’autre con s’époumone, la corde se tend, je suis.

ça c’est du sommet ! Exigu vous dites ?

Photo souvenir et tentative de redescente : Il faut poser le rappel sur la chaîne sommitale où sont vachés /crispés nos aventuriers.

Le « pro » enfin arrivé tente de nous faire la morale…

(Flash back) dix ans plus tôt à l’Est du même massif

Arête des Cinéastes: un « guide » du Caf invective Zian (14 ans à l’époque)

Qu’est ce que tu fais en montagne en tennis ?

- C’est facile c’est du 3.

- Et comment tu feras pour descendre sur le glacier ?

- Demandez à mon père, il arrive.

En tennis lui aussi, (nous sommes ici pour notre sortie récréative.)

- Vous vous rendez compte ?

- C’est bon, il n’y a pas la moindre difficulté et le Tuckett n’est plus un glacier depuis bien des années, la neige sera molle quand on descendra.

Excédés, les pieds nickelés reprennent leur progression sous les exhortations du gus qui fatigue tout le monde.

5ème pointe, j’en peux plus, les difficultés sont passées même si le culmen est à la 6ème pointe,nous n’irons pas au sommet, nous tirons le rappel…

Sur le glacier :

Zian : - on dirait qu’ils appellent.

- Tu te trompes il n’y a pas de raison.

Eh si, raison il y a, ces messieurs, terrorisés en haut des rappels comme des chats coincés au faîte d’un arbre , n’osent plus redescendre.

Il a fallu 3 ou 4 rotations d’hélico pour « sauver » ces veaux.

Fin du flash back, retour à la Dibona année de la canicule.

- Je me souviens, dis je en claironnant,le pantalon …Quand tu étais petit… l’hélico… l’arête des cinéastes…

C’est marrant, personne n’a plus songé à nous faire la morale, nous avons tapé nos rappels et sommes partis comme des princes.

J’exècre les faux similis guides en carton qui se la jouent Annapurna premier 8000 et qui se croient encore à l’époque de Frison – Roche.