Suis je Xénophobe ?
Les Autrichiens ( Le beau Danube bleu)
Depuis le temps que nous venons ici, nous voyons (et entendons) la foule dans cette voie là.
Même s’il s’agit d’un objectif modeste, il nous la faut.
Au vu des difficultés proposées, cela devrait être rapidement bouclé.
Nous envisageons donc un départ matinal : entre 13h et 14h.
Sûrs de notre technique et de l’anticyclone, nous sommes sereins.Conquérants, nous avalons rapidement la marche d’approche. Au pied de la voie, une foule disciplinée attend son tour. Ça va être long, mais nous n’avons pas envie de renoncer à cet objectif. Juste avant nous, piaffent 14 autrichiens. (Je les ai comptés.) S’ils grimpent comme leurs voisins suisses, ça devrait usiner.
16 / 17 h la dernière cordée décolle. Nous leur laissons une longueur d’avance.
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L’escalade est facile, sans piège et très agréable, je ne tarde pas à me retrouver le nez dans les chaussons d’une autrichienne rose et dodue.
- Relais ! Relais surchargé !
Fido me rejoint, tente de déborder mais nous comprenons vite qu’ils ne veulent pas nous laisser doubler. (Ils étaient là avant nous ! ) Nous nous résignons donc à suivre la chenille processionnaire .
Dans la voie, il y a deux pas . Dans les deux pas, nos prédécesseurs utilisent la même technique : le premier se pend sur le point, étudie le coup, tire à la dégaine, pose le pied sur le spit et passe en claquant du genou. Les seconds se vautrent sur la corde, placent une pédalette, franchissent la difficulté en ahanant et récupèrent péniblement le matériel.
Au risque de me répéter, il y a 14 autrichiens et la voie comporte deux pas.
Le soleil décline (ou plutôt disparaît) quand nous arrivons au sommet. Nos tyroliens se prennent en photo, se félicitent d’être là mais… bloquent les rappels.
La « voie des maîtres » est toute proche, Fido plonge dans cette ligne de rappels. Elle aime bien descendre en premier et excelle dans la recherche des petites chaines de 50 cm disséminées sur un bon kilomètre de face.
Dernier coup d'oeil au topo de Cambon. (Surtout, ne pas relayer sur le pin caractéristique annonce-t-il en gras.)
La corde se détend .
- « libre ! »
Je glisse sur le rappel parfaitement dépliée et tombe sur le Fido assise à califourchon sur le pin en question…
La nuit est franchement noire quand nous arrivons enfin aux sacs.