N°4 : Nuit blanche (L’infirmière de nuit. Prothèse n°1)
Début de soirée, je sens comme une boule au creux de l’estomac, je n’arrive pas à me passionner pour l’affaire Dominici qui passe à la télé. Mes jambes sont agitées de tremblements, mes doigts deviennent gourds. Je tente de fermer un œil, deux, je respire en cadence, le sommeil ne vient pas.
Je rallume la télé, sur l’écran un téléfilm retrace les derniers instants du 3ème Reich avec les jeunes hitlériens prêts à se sacrifier pour le grand homme. Mes yeux s’embuent de larmes.
C’est sûr, ça ne va pas.
Mon cœur palpite, je vais, chose que je m’interdis, appuyer sur la sonnette.
- Je vais vous donner un somnifère.
- Non, si je le prends, je ne me réveillerai pas.
- Un calmant léger ?
- Non, rien du tout.
L’infirmière de nuit (sainte femme) est donc restée à coté de mon lit assise sur une chaise me racontant son Pic st Loup en guettant le moment où j’allais sombrer.
Quelques heures plus tard, dans un sursaut de lucidité, j’ai compris : lors de sa visite, pour voir comment ça fonctionnait, Mani avait généreusement actionné la pompe à morphine.
C’était à n’en pas douter la raison de mon état, je pouvais enfin m’endormir.