Et le ciel, lentement se décolora.
- pauletiennejean
- 2 avr. 2016
- 2 min de lecture
A la fin de cette magnifique journée estivale, le soir tombe lentement,je vais enfin goûter un peu de tranquillité
Il ne s’est pas passé une heure sans qu’un, deux ou trois types (ou femmes) ne me sautent sur le dos, c’est toujours le même scénario, ils se cramponnent à moi, me sanglent comme Mister Grey dans un “mamy porn” pour , après discussion animée voire dispute féroce, m’entourer d’une corde qui va me frictionner l’écorce. Dire que je pensais être peinard,moi, le seul pin arolle posé au milieu de cette face granitique!
Il a suffit qu’un “zozo” ouvre une voie sur l’arête voisine. Depuis, c’est le défilé. Pourtant, sur le topo, il est bien précisé : ne pas relayer sur l’arbre ! Malgré ce, ils y viennent tous. Il faut dire que le père Cambon, (rédacteur du dit fascicule) n’a pas le compas dans l’œil, la fameuse chaîne du relais officiel pendouille à une bonne dizaine de mètres sur ma gauche. Je comprends les “gus” qui n’ont pas envie de penduler pour s’y accrocher avec tout ce vide dessous. Ils atterrissent sur mon dos et, ce n’est que partie remise, devront se balancer plein gaz pour atteindre le nouveau relais cinquante mètres plus bas.
Pendant ces manœuvres, leurs cordes me raclent la couenne à tel point que mon écorce est toute zébrée de cicatrices.
Je goûtais donc enfin un peu de vespérale zénitude quand j’ai senti une présence légère; c’était une femme, elle devait aimer mes semblables car elle s’est extasiée devant ma beauté, a reniflé mes feuilles, caressé mon tronc. Une fois vachée, elle a poussé un cri qui m’aurait percé le tympan si j’en avais eu un. Très rapidement, une espèce de barbu est arrivé à son tour, et s’est mis à m’admirer . Cela devenait gênant mais tout de même très agréable et ... flatteur. Il m’a nommé “père des arbres” et sur mes racines surchauffées,pour mon plus grand bonheur, a vidé sa gourde.
Je les aurais bien hébergés pour la nuit ces deux là mais ils avaient l’air pressés.
Rapidement, ils se sont organisés et ont plongé dans le vide.
Je ne les ai jamais revus.
Comentarios